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Livre : 100 mots pour comprendre la voyance

Livre : 100 mots pour comprendre la voyance

Attention ! prière de regarder sous les couvertures. Le titre de ce livre ne joue pas vraiment en sa faveur. On peut le regretter pour ses vrais lecteurs potentiels, qui risquent de le laisser en rayon sur premier coup d’oeil, tandis que ceux qui le jugeront sur la mine le prendront pour ce qu’il n’est pas, et se trouveront déçus. « 100 mots pour comprendre la voyance » n’est PAS un manuel pratique pour devenir cartomancienne, ou cent racontars express sur l’insolite de grande consommation…


Meheust_Cent_Mots.jpg Justement, Bertrand Méheust essaie, « à la loyale », de concilier les exigences de l’édition pour « temps qui courent » et une réflexion qui ne démérite pas. L’idée est qu’on peut vouloir être utile au lecteur de textes brefs, sans lui servir pour autant de la réflexion fast food (à ce sujet d’ailleurs le livre s’en prend – article « Charpak » – à ce qu’il appelle les « livres zététique de plage », qui ne l’ont pas volé). Aussi, sur les différentes facettes du « paranormal » – les multiples aspects de la « voyance » et ses approches scientifiques, la métapsychique, et la parapsychologie -, plutôt qu’un essai suivi, de trop longue haleine, voici 100 pistes, sur 100 thèmes majeurs du domaine. Le choix est évidemment subjectif, et n’épuise pas le sujet : c’est la loi de la collection : donner envie de mieux connaître et d’approfondir.

Les 100 entrées sont de contenus divers : soit ce sont des rappels de personnages ou de problèmes importants du domaine ; soit des évocations de très grands noms de la culture, écrivains ou chercheurs, férus de ces sujets, ou soucieux de recherche en la matière, lesquels sont plus nombreux qu’on ne le sait (ou ne veut le savoir : ils feraient de trop grandes cautions à ces sujets sulfureux, qu’on veut exclure) – et c’est ainsi que défilent Rabelais et Schopenhauer, Gödel et Derrida ; soit encore des noms de notions importantes, trop souvent mal comprises ou victimes d’amalgame. Elles résument les questions qui se posent, ou ouvrent à leur sujet de nouvelles pistes, inaperçues, sans schématiser.

L’ensemble est très bien venu pour l’usager de métro (un texte pour trois ou quatre stations), qu’il soit simple curieux du domaine, ou déjà connaisseur averti, mais qui de toute façon cherche à penser en lisant, ou à lire pour réfléchir. Il aura ainsi, en somme, ses mots fléchés à lui : car les entrées renvoient les unes aux autres, et l’ensemble, s’il suit l’ordre alphabétique, se veut un « anti-dictionnaire ». On peut donc lire le livre de plusieurs manières : soit par ponctions, au gré de l’humeur ; soit en suivant le labyrinthe des renvois des entrées les unes aux autres : « Sens interne » mène à Breton, Bergson, Bruno (Giordano), Clôture, Enjeux, Husserl, Oubli, Romains (Jules) et Stoïcisme. Enfin, et ce n’est pas la moins agréable, on peut aussi le lire de la première à la dernière entrée. Car dans ce cas, l’ordre alphabétique se charge lui même de la variété : Hergé – Hugo – Husserl, c’est stimulant.

Mais il ne faut pas non plus se tromper sur le ton léger avec lequel on en parle ici. Les textes ne sont pas pesants, mais ils ne sont pas creux non plus. Ils ont le mérite d’exercer la vigilance, de signaler quelques lâchetés ou quelques démissions du monde intellectuel ou des sociétés tout entières. Ce n’est pas publié pour rien aux « empêcheurs de penser en rond ». Mais en contrepartie, cela demande un peu d’attention, et souvent les bonnes bases d’une culture d’ « honnête homme » : c’est un livre qu’il faut lire. Pas un objet automatique. C’est l’inconvénient des livres qui ne sont pas vides.