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Robert Amadou

Robert Amadou

Robert Amadou s’est éteint en mars 2006. Cet auteur inclassable et érudit a joué un rôle important dans la diffusion de la parapsychologie en France, après guerre, et a participé, un temps, aux activités de l’Institut Métapsychique…


Robert Amadou nait le 16 février 1924 à Bois-Colombes, il meurt le 14 mars 2006, à Paris. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise le 22 mars 2006, après la liturgie des défunts qui fut célébrée en l’église syrienne orthodoxe de Montfermeil (93).

Robert Amadou a joué un rôle important dans la diffusion de la parapsychologie en France, après la guerre. Adolescent, il se passionne pour l’astrologie, tout en suivant l’enseignement des Jésuites, puis s’intéresse à Louis-Claude de Saint-Martin, le « Philosophe Inconnu », inspirateur du martinisme. Amadou est convié à l’Institut Métapsychique International en 1951 pour donner une conférence sur le thème « Occultisme et métapsychique ». A partir de cette année-là, il collabore activement aux activités de l’IMI, en particulier à la Revue Métapsychique dont il devient le rédacteur en chef. Mais des divergences d’opinion vont bientôt le pousser à quitter l’Institut…

amadouparapsy.jpg En 1954, il publie chez Denoël son livre La parapsychologie – essai historique et critique, un épais volume (370 pages bien tassées) qui brosse l’histoire des recherches en parapsychologie outre-atlantique et présente au public français, entre autres travaux récents, les recherches du Laboratoire de Paraspychologie de Joseph Rhine, à la Duke University de Durham. Amadou définit alors la parapsychologie « au sens strict » et « au sens large » : « Au sens large, la parapsychologie est la discipline qui s’efforce d’expliquer des phénomènes apparemment aberrants par rapport à la science, soit par la fraude, soit par l’illusion, soit par l’exercice d’une fonction psychologique “classique” ou nouvelle. Au sens strict, la parapsychologie est la mise en évidence et l’étude expérimentale des fonctions psychiques non encore incorporées dans le système de la psychologie scientifique, en vue de leur incorporation dans ce système, alors élargi et complété. » (La Parapsychologie, Denoël, 1954, p.46)

amadouimi.jpg La même année, sous l’égide de l’IMI, il publie une compilation de textes, L’Art et l’Occultisme, sous la forme d’un numéro spécial de la Revue Métapsychique. En juillet et août 1953, il organise un premier « Colloque International de Parapsychologie » à l’université d’Utrecht, dont les comptes rendus seront publiés en 1954 sous la forme d’un numéro double de la RM (N°29-30, Mai-Août 1954). On y trouve notamment des textes de René Warcollier, Hans Bender, G. Spencer Brown, Samuel G. Soal (qui sera convaincu de fraude bien plus tard, dans les années 1970), du philosophe Gabriel Marcel, du psychanalyste Jules Eisenbud, etc. La liste des nombreux participants montre assez la volonté d’ouverture et de mise en place de « ponts » qu’entendait réaliser Amadou, entre la parapsychologie et les autres disciplines.

Parallèlement à son investissement dans l’IMI, il lance La Tour Saint-Jacques en 1955, revue de bibliothèque qui traite de l’occultisme au sens large et au sens noble : alchimie, sociétés secrètes (la Golden Dawn par exemple), spiritualités, ésotérisme, art et mystique, insolite et bizarre, etc.

Assez rapidement semble-t-il, Amadou se fâche avec l’équipe de l’Institut Métapsychique, à cause de divergences sur ce qu’il faut penser de la « vieille » métapsychique par rapport à la nouvelle parapsychologie anglo-saxonne. Amadou défend alors un point de vue très exigeant, présentant la parapsychologie comme une évolution, plus adulte, rationnelle et scientifique, de la métapsychique d’avant-guerre, dont les animateurs de l’IMI seraient les héritiers parfois trop enthousiastes ou crispés sur quelques légendes dorées de l’ère métapsychique.

Ainsi, en 1956, c’est dans La Tour Saint-Jacques, et non plus dans la revue de l’IMI, qu’Amadou choisit de publier les comptes rendus du Colloque de Royaumont sur la parapsychologie, qu’il vient d’organiser avec notamment le psychanalyste Emilio Servadio, Ernesto de Martino, des parapsychologues comme G.W. Fisk et D.J. West, l’ethnologue Jean Servier, etc.

amadoumediums.jpg Dès les premiers numéros de la revue La Tour Saint-Jacques, on voit apparaître en fin de volume un « Bulletin de Parapsychologie », totalement indépendant des activités de l’IMI, dans lequel on retrouvera bientôt les signatures d’Aimé Michel (« Principes d’une expérience électronique de psychokinèse », n°2, jan-fév 1956), ou de Jacques Bergier, grand ami de Robert Amadou, qui y tient une rubrique « Nouvelles de nulle part et d’ailleurs » qui préfigure ses articles de la célèbre revue Planète quelques années plus tard.

En 1957, Amadou publie, toujours chez Denoël, dans la collection « La Tour Saint-Jacques », son ouvrage Les Grands Médiums, qui présente quelques uns des plus célèbres médiums à effets physiques de l’ère métapsychique (entre 1870 et 1930 environ). Un livre sans concession, qui conclut presque toujours au manque de preuves ou de certitudes bien établies, et qui lui vaudra sans doute quelques inimitiés du côté de l’IMI (Guzik, Kluski, Eva C., entre autres médiums, y sont présentés comme des médiums hautement douteux).

amadoutelepathie.jpg En 1958, il publie La télépathie dans la petite collection Bilan du Mystère des éditions Grasset. Un ouvrage synthétique (160 pages), qui présente à la fois « les raisons de douter » et « les raisons de croire », illustré par de nombreuses photographies.

A partir du début des années 1960, Robert Amadou abandonne le domaine de la parapsychologie pour se consacrer à des centres d’intérêts plus spirituels. Il devient gnostique, s’intéresse au soufisme et publie des ouvrages sur divers aspects de l’ésotérisme occidental et oriental.

Il obtient une thèse de philosophie sur les mystiques du XVIIIème siècle (plus précisément, sur le “Philosophe Inconnu” Louis-Claude de Saint-Martin), à la fin des années 1970, à Paris.

Son ambivalence entre d’une part la défense d’une parapsychologie exigeante et proprement scientifique, et d’autre part son parcours spirituel (on l’a dit lui-même martiniste, et il était aussi docteur en théologie), lui a été reproché par quelques auteurs. Notamment par Imbert-Nergal dans son ouvrage Les sciences occultes ne sont pas des sciences (Editions Rationalistes, 1959), dans lequel l’auteur veut montrer que la parapsychologie n’est pas une science, puisque son principal promoteur en France à l’époque, Amadou, était en réalité un occultiste…

Bibliographie

  • 1946 – Louis-Claude de Saint-Martin et le martinisme, Le Griffon d’Or
  • 1950 – L’Occultisme, esquisse d’un monde vivant, Julliard
  • 1950 – Anthologie littéraire de l’occultisme (avec Robert Kanters), Julliard
  • 1951 – Eloge de la lâcheté, Julliard
  • 1953 – Raymond Lulle et l’alchimie, Le Cercle du Livre
  • 1953 – La Poudre de sympathie, un chapitre de la médecine magnétique, Ed. Gérard Nizet, 1953
  • 1954 – La science et le paranormal – 1er colloque international de parapsychologie, numéro double de la Revue Métapsychique de l’IMI
  • 1954 – La parapsychologie, Denoël
  • 1956 – La Parapsychologie et le colloque de Royaumont – La Tour Saint-Jacques, numéro 6-7
  • 1957 – Les Grands Médiums, Denoël
  • 1958 – La Télépahie, Grasset
  • 1969 – Trésor martiniste, Éditions traditionnelles
  • 1987 – Occident, Orient, parcours d’une tradition, Cariscript
  • 1989 – Illuminisme et contre-illuminisme au XVIIIe siècle, Cariscript
  • 1991 – Le soufisme même, Ed. Caractères