Cet article, initalement publié dans la revue ParapsychologieEtude rationnelle et pluridisciplinaire des faits semblant inexplicables dans l'état actuel de nos connaissances, et mettant en jeu directement le psychisme et son interaction avec l'environnement. C'est en 1889 que l'Allemand Max DESSOIR proposa les termes de parapsychologie pour "caractériser toute une région frontière encore inconnue qui sépare les états psychologiques habituels des états pathologiques", et de paraphysique pour désigner des phénomènes objectifs qui paraissent échapper aux lois de la physique classique. On parle plus spécifiquement de parapsychologie expérimentale pour désigner la parapsychologie dans le cadre du laboratoire., présente deux lettres envoyées par Einstein au parapsychologueCe terme revêt de nos jours un double sens. Utilisé pour désigner les chercheurs de formation scientifique et universitaire qui étudient les phénomènes paranormaux dans le cadre de la parapsychologie scientifique, il renvoie aussi aux praticiens de l'occulte et du paranormal (voyants, médiums, magnétiseurs, etc.). On pourrait souhaiter que la première acception évoquée l'emporte dans le vocabulaire courant pour ainsi éviter toute confusion. L'ambiguïté du terme est volontiers entretenue par les critiques et détracteurs de la parapsychologie scientifique. Ceux-ci tentent ainsi, par un pernicieux effet d'amalgame maintenant une certaine confusion sémantique, de reléguer des recherches se voulant rationnelles sur ces questions en dehors du champ de la science. Des praticiens du paranormal peuvent avoir tendance, eux aussi, à entretenir cette ambiguïté. En se prétendant parapsychologues, ils espèrent sans doute, par la référence scientifique qu'ils s'attribuent, renforcer auprès de leurs clients l'image de professions en manque de reconnaissance sociale. De plus, le peu d'approfondissement que des enquêtes médiatiques trop souvent en mal de sensationnel consacrent à ce type de questions contribue à laisser perdurer la confusion, là où il faudrait au contraire faire preuve de discernement et de prudence. Que pouvons-nous dire des parapsychologues relevant du premier sens envisagé et que nous voudrions privilégier ici? D'origines universitaires variées, les chercheurs amenés à réfléchir aux questions parapsychologiques se recrutent aussi bien parmi des spécialistes des sciences dites humaines (psychologues, ethnologues, sociologues, etc.) que parmi des spécialistes des sciences dites exactes (mathématiciens, physiciens, biologistes, etc.). Des philosophes, des médecins et des ingénieurs se retrouvent également impliqués dans ce domaine de recherche. Seuls quelques laboratoires dans le monde emploient des chercheurs en parapsychologie à temps plein. Compte tenu du peu de place que l'institution scientifique accorde encore à la parapsychologie, la plupart des chercheurs n'y consacrent qu'une partie de leur temps, exerçant par ailleurs des fonctions en lien avec leur formation d'origine. Les premiers grands noms de la parapsychologie furent les pionniers de recherches qualifiées alors de psychiques , ou bien encore de métapsychiques. Parmi les plus connus, on pourrait citer le philosophe américain William James (1842-1910), tenant du pragmatisme, le physicien anglais William Crookes (1829-1919), rendu par ailleurs célèbre par la découverte du thallium, et le Français Charles Richet (1850-1935), prix Nobel de médecine en 1913. Deux psychologues américains ont ensuite particulièrement marqué l'histoire de la parapsychologie durant la seconde moitié du XXème siècle. Joseph Banks Rhine (1925-1980) est considéré comme le père de la parapsychologie quantitative car il a systématisé le traitement statistique des phénomènes paranormaux observés en laboratoire. Plus près de nous, Charles Honorton, en introduisant la technique du ganzfeld et en appliquant les techniques de méta-analyses aux données parapsychologiques, a permis de faire avancer le débat entre partisans et opposants de la parapsychologie. En France, c'est essentiellement autour de l'Institut métapsychique international, fondé en 1919, que se sont regroupés les principaux intellectuels interessés par ces questions. On citera, pour mémoire, les docteurs Gustave Geley (1865-1924) et Eugène Osty (1874-1938) ou bien encore les ingénieurs René Warcollier (1881-1962) et Henri Marcotte (1920-1987). Le spécialiste d'éthologie animale Rémy Chauvin, membre de l'Académie des sciences, est certainement, à l'heure actuelle, le scientifique le plus connu du grand public qui ait ouvertement déclaré son intérêt pour la parapsychologie, par le biais notamment d'expériences réalisées avec des animaux. Ce sont en fait de très nombreux chercheurs (qu'il faudrait certainement compter en milliers), issus de mondes scientifiques et intellectuels très divers, qui se sont passionnés pour la parapsychologie depuis plus d'un siècle, aussi bien en Europe qu'aux États-Unis, comme dans l'ex-URSS ou d'autres pays du monde. Dans son ouvrage "Somnambulisme et médiumnité" et plus particulièrement dans le tome II intitulé "Le Choc des sciences psychiques", le philosophe et sociologue Bertrand Meheust, reprenant l'histoire des débuts de la métapsychique, tente de comprendre les origines de l'incroyable entreprise d'occultation qui a pesé et qui pèse encore sur les travaux de plusieurs générations de parapsychologues. {Par Paul-Louis Rabeyron (extrait du dictionnaire des miracles et de l'extraordinaire chrétien, rédigé sous la direction de Patrick Sbalchiero, Fayard, 2000)} Ehrenwald.
Certaines rumeurs ont pu courir légèrement sur l’attitude d’Einstein envers la parapsychologieEtude rationnelle et pluridisciplinaire des faits semblant inexplicables dans l'état actuel de nos connaissances, et mettant en jeu directement le psychisme et son interaction avec l'environnement. C'est en 1889 que l'Allemand Max DESSOIR proposa les termes de parapsychologie pour "caractériser toute une région frontière encore inconnue qui sépare les états psychologiques habituels des états pathologiques", et de paraphysique pour désigner des phénomènes objectifs qui paraissent échapper aux lois de la physique classique. On parle plus spécifiquement de parapsychologie expérimentale pour désigner la parapsychologie dans le cadre du laboratoire., extrapolation abusive due à sa contribution au livre d’ Upton Sinclair » Mental Radio « .
Einstein ne s’est en fait, jamais sérieusement préoccupé des phénomènes ESPPerception extrasensorielle ; connaissance d’un événement extérieur sans l’intervention des sens connus, ou parfois comportement répondant à cet événement.. Sa surprise et sa réserve éclatent donc dans ces deux lettres. Le dernier grand physicien classique ne pouvait admettre des phénomènes semblant échapper à un cadre spatio-temporel. Sur un sujet qu’il avoue ne pas connaître suffisamment, on notera avec intérêt sa réserve courtoise.
L’attitude de certains scientifiques actuels, tranchée et définitive, sur un sujet qu’ils ne connaissent pas spécialement mieux, n’en apparaît que plus contrastée.
Très cher Dr. Ehrenwald ,
Il y a quelques années j’ai lu le livre du Dr. Rhine . Je n’ai pu trouver absolument aucune explication concernant les données qu’il rapporte. Mais ce qui m’a surpris c’est que dans les expériences à statistiques la distance spatiale du sujet n’entre nullement en ligne de compte dans le succès du procédé. Celà me conduit à penser qu’une source systématique d’erreurs jusque là non découverte peut avoir été en jeu.
J’ai écrit les notes d’introduction pour le livre de Upton Sinclair en vertu de notre amitié personnelle de façon à ne pas exprimer mon manque de conviction sans pour autant me contraindre à sacrifier mon honnêteté. Je me dois de vous confesser ouvertement mon attitude sceptique vis à vis de toutes les persuasions et théories pertinentes. C’est un scepticisme qui n’est pas tant dû à une approche plus étroite des observations et des expériences empiriques qu’à mon activité personnelle une vie durant dans le domaire de la physique. En outre je dois confesser que je n’ai pas eu dans ma propre existence d’expériences tendant à des relations inter-personnelles d’origine non sensorielles. Si j’ajoute que le public a tendance à attribuer à mes dires plus de poids qu’il n’est justifié étant donné mon ignorance en tant de choses, je me sens d’autant plus le devoir d’aborder ces domaines avec une prudence et une réserve extrêmes.
Très cher Dr. Ehrenvvald ,
J’ai lu votre livre (…) avec grand intérêt. Il présente certainement bien le problème et je ne doute pas qu’il trouve un large cercle de lecteurs. Je ne peux juger qu’en tant que profane et ne peux dire si j’aboutis à une conclusion affirmative ou négative. De toute façon, il m’apparaît que du point de vue d’un physicien, nous n’avons pas le droit d’établir à priori la possibilité de la télépathieLa télépathie désigne un échange dinformations entre deux personnes nimpliquant aucune interaction sensorielle ou énergétique connue.. Pour celà les bases de notre science sont trop incertaines et incomplètes.
Mon impression en ce qui concerne les expériences avec les cartes destinées à un traitement numérique est le suivant : d’une part je n’ai aucune objection à faire quant à la sûreté de la méthode – Pourtant je trouve suspect le fait que la » clairvoyanceConnaissance d'objets ou d'événements à distance sans l'intermédiaire des sens. » (tests) donne les mêmes probabilités que la télépathieLa télépathie désigne un échange dinformations entre deux personnes nimpliquant aucune interaction sensorielle ou énergétique connue. et que la distance du sujet aux cartes « cibles » c’est à dire à l’agentDans les cas spontanés, la personne vivant lévénement dont le récepteur va recevoir linformation ; dans les expérimentations de télépathie, lémetteur ; dans la psychokinèse :le sujet, considéré comme source du psi. n’ait aucune influence sur les résultats. Ceci est improbable au plus haut degré et en conséquence le résultat est suspect.
Cependant les tests sur la fillette de neuf ans (IIga K.) sont très intéressants et représentent effectivement beaucoup plus pour moi. De même !es expériences avec les dessins (U. Sinclair) me semblent être d’un plus grand intérêt que les expériences statistiques à grande échelle où la découverte d’une erreur systématique minime peut bouleverser l’ensemble.
Vous avez trouvé que les productions des patients en situation psychanalytique dépendent respectivement de « l’école » de l’analyste. Celà me semble important. Cette partie seule de votre livre réclame une attention spéciale. Je ne peux taire le fait que certaines des expériences que vous mentionnez fassent naître chez vos lecteurs le doute profond qu’au lieu de télépathieLa télépathie désigne un échange dinformations entre deux personnes nimpliquant aucune interaction sensorielle ou énergétique connue., des influences sensorielles inconscientes aient été mises en jeu.
Néanmoins, votre lettre m’est un très bon stimulant et a quelque peu « adouci » mon attitude qui au départ était franchement négative face à l’ampleur du problème. On ne devrait pas aller de par le monde avec des oeillères. Vous pouvez montrer cette lettre « en privé » à d’autres personnes.