Le parapsychologueCe terme revêt de nos jours un double sens. Utilisé pour désigner les chercheurs de formation scientifique et universitaire qui étudient les phénomènes paranormaux dans le cadre de la parapsychologie scientifique, il renvoie aussi aux praticiens de l'occulte et du paranormal (voyants, médiums, magnétiseurs, etc.). On pourrait souhaiter que la première acception évoquée l'emporte dans le vocabulaire courant pour ainsi éviter toute confusion. L'ambiguïté du terme est volontiers entretenue par les critiques et détracteurs de la parapsychologie scientifique. Ceux-ci tentent ainsi, par un pernicieux effet d'amalgame maintenant une certaine confusion sémantique, de reléguer des recherches se voulant rationnelles sur ces questions en dehors du champ de la science. Des praticiens du paranormal peuvent avoir tendance, eux aussi, à entretenir cette ambiguïté. En se prétendant parapsychologues, ils espèrent sans doute, par la référence scientifique qu'ils s'attribuent, renforcer auprès de leurs clients l'image de professions en manque de reconnaissance sociale. De plus, le peu d'approfondissement que des enquêtes médiatiques trop souvent en mal de sensationnel consacrent à ce type de questions contribue à laisser perdurer la confusion, là où il faudrait au contraire faire preuve de discernement et de prudence. Que pouvons-nous dire des parapsychologues relevant du premier sens envisagé et que nous voudrions privilégier ici? D'origines universitaires variées, les chercheurs amenés à réfléchir aux questions parapsychologiques se recrutent aussi bien parmi des spécialistes des sciences dites humaines (psychologues, ethnologues, sociologues, etc.) que parmi des spécialistes des sciences dites exactes (mathématiciens, physiciens, biologistes, etc.). Des philosophes, des médecins et des ingénieurs se retrouvent également impliqués dans ce domaine de recherche. Seuls quelques laboratoires dans le monde emploient des chercheurs en parapsychologie à temps plein. Compte tenu du peu de place que l'institution scientifique accorde encore à la parapsychologie, la plupart des chercheurs n'y consacrent qu'une partie de leur temps, exerçant par ailleurs des fonctions en lien avec leur formation d'origine. Les premiers grands noms de la parapsychologie furent les pionniers de recherches qualifiées alors de psychiques , ou bien encore de métapsychiques. Parmi les plus connus, on pourrait citer le philosophe américain William James (1842-1910), tenant du pragmatisme, le physicien anglais William Crookes (1829-1919), rendu par ailleurs célèbre par la découverte du thallium, et le Français Charles Richet (1850-1935), prix Nobel de médecine en 1913. Deux psychologues américains ont ensuite particulièrement marqué l'histoire de la parapsychologie durant la seconde moitié du XXème siècle. Joseph Banks Rhine (1925-1980) est considéré comme le père de la parapsychologie quantitative car il a systématisé le traitement statistique des phénomènes paranormaux observés en laboratoire. Plus près de nous, Charles Honorton, en introduisant la technique du ganzfeld et en appliquant les techniques de méta-analyses aux données parapsychologiques, a permis de faire avancer le débat entre partisans et opposants de la parapsychologie. En France, c'est essentiellement autour de l'Institut métapsychique international, fondé en 1919, que se sont regroupés les principaux intellectuels interessés par ces questions. On citera, pour mémoire, les docteurs Gustave Geley (1865-1924) et Eugène Osty (1874-1938) ou bien encore les ingénieurs René Warcollier (1881-1962) et Henri Marcotte (1920-1987). Le spécialiste d'éthologie animale Rémy Chauvin, membre de l'Académie des sciences, est certainement, à l'heure actuelle, le scientifique le plus connu du grand public qui ait ouvertement déclaré son intérêt pour la parapsychologie, par le biais notamment d'expériences réalisées avec des animaux. Ce sont en fait de très nombreux chercheurs (qu'il faudrait certainement compter en milliers), issus de mondes scientifiques et intellectuels très divers, qui se sont passionnés pour la parapsychologie depuis plus d'un siècle, aussi bien en Europe qu'aux États-Unis, comme dans l'ex-URSS ou d'autres pays du monde. Dans son ouvrage "Somnambulisme et médiumnité" et plus particulièrement dans le tome II intitulé "Le Choc des sciences psychiques", le philosophe et sociologue Bertrand Meheust, reprenant l'histoire des débuts de la métapsychique, tente de comprendre les origines de l'incroyable entreprise d'occultation qui a pesé et qui pèse encore sur les travaux de plusieurs générations de parapsychologues. {Par Paul-Louis Rabeyron (extrait du dictionnaire des miracles et de l'extraordinaire chrétien, rédigé sous la direction de Patrick Sbalchiero, Fayard, 2000)} américain Charles Tart a mis en place, dans les années 1960, un protocole expérimental en vue de tester en conditions contrôlées les « Out of Body Experience » (OBE, « sortie hors du corps » en français).
L’expérience de Charles Tart avec Mademoiselle Z se déroula de la manière suivante : durant cinq nuits successives, Mademoiselle Z se rendit au laboratoire sur le Sommeil, de Charles Tart, dans l’intention d’y faire une Out of Body Experience (OBE, « sortie hors du corps » en français).
Cherchant à détecter des modifications physiologiques caractéristiques des OBE, Tart fixa sur Mademoiselle Z des électrodes, reliées à des appareils enregistrant les ondes cérébrales, les mouvements oculaires rapides, la résistivité de la peau, le rythme cardiaque et la pression sanguine.
Tous les soirs, Tart choisissait un nombre de cinq chiffres, différent d’une nuit à l’autre, – à partir d’une table de nombres au hasard – et l’inscrivait sur un bout de papier. Après avoir relié Mademoiselle Z aux appareils d’enregistrement, il plaçait le papier sur une étagère située à plus d’un mètre et demi du plancher.
Au cours d’une OBE, Mademoiselle Z devait tenter de lire le nombre qui y était inscrit. Le câblage très court interdisait à Mademoiselle Z de se lever du lit de camp et de grimper dessus pour aller lire le nombre, sans que ce manège interrompe l’enregistrement. Chaque nuit, Mademoiselle Z devait donc s’endormir jusqu’à ce que, éventuellement, elle éprouve une OBE et tente, dans cet état, de repérer le nombre dissimulé, puis se réveille pour informer Tart de ce qu’elle avait lu.
La première nuit, rien de significatif ne se produisit. La deuxième, Mademoiselle Z rapporta avoir eu une OBE. Elle relata que, tout en « flottant », elle aperçut, au-dessus de l’étagère, une horloge fixée au mur, qu’elle ne pouvait pas voir de son lit, et qui indiquait alors 3 h 15 du matin. Or, à ce moment précis, les enregistrements de l’appareil ont présenté des modifications significatives dans les tracés d’ondes cérébrales, sans corrélation avec des mouvements oculaires rapides accompagnent habituellement les rêves. Une confirmation est venue la troisième nuit, cette fois-ci à 3 h 35 du matin, avec une correspondance semblable dans les enregistrements.
La quatrième nuit, Mademoiselle Z a identifié le nombre dissimulé: 25132. Selon ses dires, il était entre 5 h 30 et 6 heures du matin. Or, à 5 h 57 du matin, l’enregistrement de ses ondes cérébrales a présenté le même tracé étrange et caractéristique, déjà observé plusieurs fois, auparavant, mais en plus net cette fois-ci.
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