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Les travaux de J.B. Rhine à la Duke University

Les travaux de J.B. Rhine à la Duke University

Présentation générale des travaux effectués par J.B. Rhine à la Duke University.



Cette vidéo, extraite du cd-rom psi explorer de Mario Varvoglis, propose une courte présentation des travaux de J.B. Rhine utilisant des cartes de zener.

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Au début de leur travail, les chercheurs de Duke se heurtèrent à de gros problèmes pour distinguer les trois premières facultés psi hypothétiques, de manière à identifier exactement laquelle des trois était employée par un sujet, à tel moment. Avec la pratique, les chercheurs de Duke finirent par abandonner cette distinction, s’apercevant qu’il était quasiment impossible de déterminer si, à un instant donné, le sujet utilisait la télépathie, la clairvoyance ou la précognition.

Louisa E. Rhine et J.B. Rhine
Les Rhine, qui se connurent dès leur enfance, furent étudiants à l’Université Wooster, dans l’Ohio, en 1917. Louisa Rhine se spécialisa alors en botanique. J.B. Rhine fut d’abord étudiant en théologie, mais affirme-t-il, « J’y renonçai lorsque je découvris, en psychologie, qu’il n’existait pas de base scientifique à l’existence de la volonté. Sans libre arbitre, le pastorat semblait futile ». Après la Première Guerre mondiale, les Rhine se marièrent et s’installèrent à Chicago, en 1920. Ils obtinrent leur doctorat en physiologie végétale à l’Université de Chicago, avant de déménager à nouveau, cette fois pour Cambridge, Massachusetts. Puis ils gagnèrent Harvard, désirant étudier ce qu’on appelait, à l’époque, la « recherche psychique », sous la direction du Professeur William McDougall, alors membre du personnel enseignant du département de psychologie de cette université. Peu après, McDougall s’installa à l’Université Duke et, avec son approbation, les Rhine le suivirent en 1927. Là, sous la direction de McDougall, Rhine fonda le Laboratoire de Parapsychologie de Duke, et le couple commença ses travaux sur l’existence et la nature du psi, qui devinrent l’œuvre de leur vie.

Imaginons, par exemple, qu’un chercheur ait caché une pièce de monnaie sous un oreiller, et qu’il demande au sujet de deviner quel objet il vient de dissimuler. Supposons que le sujet énonce la bonne réponse: « une pièce », et que les conditions expérimentales ont été telles qu’il n’a pu deviner la cible qu’au moyen du psi, le problème se pose de déterminer quel aspect du psi a permis au sujet de connaître la réponse : le sujet a-t-il lu, par télépathie, dans les pensées du chercheur ? Ou bien a-t-il simplement « vu » ce qui était sous l’oreiller, au moyen de la clairvoyance ? Ou enfin le sujet n’a-t-il pas rêvé à une pièce, la nuit précédente lors d’un rêve précognitif ? Lors d’une expérimentation psi, il arrive souvent que les sujets trouvent la réponse correcte à la question posée; mais ils savent rarement comment leur est venue cette réponse.

C’est pourquoi J .B. Rhine a été amené à réunir la télépathie, la clairvoyance et la précognition sous le vocable général de perception extra-sensorielle (PES), expression qu’il a inventée. Néanmoins, les termes correspondant aux quatre aspects du psi sont encore très usités, et certains chercheurs continuent d’affirmer que leur existence individuelle a été démontrée en laboratoire.

Les résultats des séries expérimentales de PES effectuées en 1929, à l’université de Duke, furent publiés en 1934 par J.B. Rhine, qui interpréta les résultats comme une preuve de l’existence de la PES. Au cours de 85 724 essais expénmentaux, au total, menés sur plus de cinq ans, il fut demandé à des sujets d’identifier des cartes spéciales, cachées à leur vue. Les sujets s’en révélèrent capables, avec une probabilité associée de 1 pour cent (parfois même atteignant des chiffres astronomiques), c’est-à-dire que le hasard seul n’aurait qu’une chance sur cent de produire un tel résultat. Les statisticiens admirent ces résultats comme significatifs, suggérant l’influence de quelque facteur autre que le hasard.

le test de la PES
Dans de nombreux tests de PES, des cartes spéciales sont utilisées afin d’assurer la neutralité du matériel cible. Elles ont été mises au point par J.B. Rhine, avec les conseils du Dr Karl Zener, spécialiste de la perception. Sur chaque carte de Zener est imprimé un des cinq symboles suivants: une étoile, un cercle, une croix, un carré et des lignes ondulées. Un jeu complet contient vingt-cinq cartes, cinq de chaque symbole.

Le laboratoire de Duke mit au point plusieurs protocoles expérimentaux différents utilisant ces cartes. L’un d’eux consistait à demander au sujet de deviner les symboles des cartes, dans l’ordre, alors qu’un agent, situé derrière un écran opaque ou dans une autre pièce, les retournait l’une après l’autre afin de les regarder. Une seconde procédure consistait à deviner l’ordre des cartes dans un jeu venant d’être battu, avant que quiconque y ait porté le regard. Là encore, les cartes étaient évidemment hors de la vue du sujet. Un troisième test consistait à informer le sujet qu’un jeu était en train d’être battu, et à lui demander de prédire l’ordre dans lequel se trouveraient les cartes après battage. Dans un quatrième test, on demandait au sujet de tenter d’identifier l’ordre des cartes d’un jeu correctement battu, placé simplement dans une boîte sur la table, en face de lui.
Après avoir tenté de deviner chacune des vingt-cinq cartes, le sujet avait effectué une sous-série. Par le seul fait du hasard, on devrait s’attendre à cinq correspondances justes, ou réussites, en moyenne pour une telle sous-série.

Durant l’expérimentation, une série de 1 850 essais conduisit à des résultats qui l’emportèrent sur le hasard avec une probabilité associée de 1 sur 10 puissance 22. La plupart des chercheurs admettent aujourd’hui la rigueur des contrôles expérimentaux utilisés pour cette série – connue sous le nom de « série de Pearce-Pratt » – même s’il demeure au moins un critique, C.E.M. Hansel, à n’être pas du tout d’accord.

Dans cette expérience, le couple Rhine avait demandé au sujet, Pearce, d’identifier l’ordre des cartes d’un paquet tenu par l’agent, Pratt. Pearce et Pratt se trouvaient dans des bâtiments séparés, et des précautions avaient été prises afin d’empêcher toute communication par des moyens autres que le psi. Le succès extraordinaire de la série Pearce-Pratt figure parmi les résultats expérimentaux les plus convaincants des expérimentations sur le psi, obtenus jusqu’à ce jour dans les conditions contrôlées du laboratoire.

J .B. Rhine rapporta ces résultats pour la première fois dans un ouvrage intitulé Perception Extra-Sensorielle. Puis d’autres chercheurs commencèrent à obtenir des résultats qui vinrent confirmer ceux de Rhine, montrant que, tant à Duke qu’ailleurs, la PES était à prendre au sérieux. Cela déclencha alors une controverse portant sur la validité des découvertes en PES.

La Controverse

Dans les six années qui suivirent la publication originale de Rhine, près de soixante articles critiques, émanant de quarante auteurs différents, éclorent dans la littérature professionnelle. Comme l’a analysé Charles Honorton, dans un article intitulé « il y a une erreur quelque part!», les critiques peuvent être classées selon deux catégories principales. La première concerne les procédures expérimentales employées. Les expérimentateurs n’ont-ils pas, volontairement ou non, donné à leurs sujets des indices sensoriels se rapportant à la réponse correcte ? La technique utilisée par Rhine, du battage des cartes à la main (abandonnée dans les travaux ultérieurs) n’aurait-eue pas altéré les résultats ? Le second type de critiques s’est centré sur l’usage des mathématiques pour évaluer les résultats. Pour le couple Rhine, quelle étalt l’estimation correcte de l’attente due au seul nasard ? Avaient-ils utilisé la procédure statistique convenable pour analyser leurs résultats? Leurs résultats ne pouvaient-ils pas s’expliquer simplement par quelque défaut de la théorie des probabilités? Toutes ces critiques furent réfutées.

À partir de 1937, le Joumal of Parapsychology recueillit de nouvelles études effectuées au laboratoire Duke et ailleurs, qui dissipèrent la plupart des critiques portant sur les protocoles expérimentaux. La même année, l’Institut de Mathématiques Statistiques entreprit d’estimer la validité de l’usage de la théorie des probabilités comme moyen de mesurer le psi. Le président de cet institut fit publier la
déclaration suivante :


« Les investigations du Dr Rhine présentent deux aspects,
l’un expérimental et l’autre statistique. Du point de vue expérimental, les mathématiciens n’ont évidemment rien à dire. Quant à l’aspect statistique, si l’on admet que les expériences ont été conduites convenablement, un travail mathématique récent a établi que l’analyse statistique est parfaitement valide. Si les travaux de Rhine peuvent faire l’objet d’attaques justifiées, celles-ci doivent porter sur autre chose que leurs fondements mathématiques. »

Dès 1940, trente-trois expériences totalisant près d’un
million d’essais, menées dans des conditions soigneusement crontrôlées, furent publiées par un certain nombre d’expérimentateurs parmi lesquels l’équipe du laboratoire de Duke. Vingt-sept d’entre elles donnèrent des résultats statistiquement significatifs. Néanmoins, de nombreux critiques refusèrent de reconnaître la validité de cette preuve, mène après qu’on eut répondu à leurs différentes critiques.

Nonobstant, le couple Rhine et les autres chercheurs
poursuivirent leur travail. En mars 1943, le Journal of Parapsychology publia un résumé de neuf années d’études portant sur la quatrième pierre angulaire du psi, la psychokinèse. Ce travail donna des résultats positifs avec une probabilité associée de 1 sur un milliard.

Alors que leur travail antérieur avait porté sur la PES, par l’emploi de cartes qu’il fallait deviner, ce travail avait pour but la démonstration de la PK au moyen de dés. Il s’agissait d’évaluer les facultés des sujets à influencer mentalement la chute des dés au moment de leur lancer. N’utilisant que le pouvoir de leur esprit, les sujets étaient invités, par exemple, à provoquer l’obtention de certaines combinaisons à partir de deux dés. Celles-ci étaient décidées par avance. On pouvait demander de produire des combinaisons élevées (des 8 ou plus), ou bien, au contraire, des valeurs faibles (des 6 ou moins). Au début, les dés étaient lancés à la main. Plus tard, ils le furent mécaniquement. On les libérait au-dessus de surfaces en plan incliné, et présentant des aspérités, de manière que leur chute fût rendue totalement aléatoire.

En partie à cause du tollé qui avait accompagné leur principale publication concernant la PES, les chercheurs de Duke se retinrent de diffuser leurs résultats sur la PK. Finalement, en 1943, ils commencèrent à publier les données accumulées : Malgré la probabilité associée de 1 sur un milliard atteinte par l’ensemble des résultats, les Rhine ne ne s’attendaient pas à emporter facilement l’acceptation, à cause des nombreuses années de controverse qu’avait provoquées leur travail antérieur. C’est ce qui se produisit. En 1943, le monde était au cœur de la Seconde Guerre mondiale. En dépit d’une diffusion considérable par la presse, les nouveaux résultats attirèrent peu l’attention, au tout début. Les seules statistiques intéressant le publique de l’époque étaient celles des victimes de la guerre en Europe, en Asie et en Afrique.

Lorsqu’elle vint, la réaction négative à cette nouvelle publication prit pour cible les chercheurs qu’elle accusa d’erreurs expérimentales, de fraude, ou d’utiliser des dés défectueux. Selon ce dernier argument, les dés pouvaient présenter un vice de forme se traduisant par la sortie préférentielle de certains chiffres, dépassant ainsi naturellement la simple attente du hasard. Pourtant, les chercheurs de Duke avaient bien stipulé, dans leur article original sur la PK, qu’on avait demandé aux sujets de faire sortir des combinaisons élevées, pour certaines séries, ou, au contraire, des chiffres faibles pour d’autres. Aucun défaut dans les dés – si jamais il s’en était trouvé – n’était capable de rendre compte de ces deux situations à la fois.

Mais une autre validation du travail du couple Rhine vint quelques années après la réalisation de ces expériences. Plusieurs chercheurs en parapsychologie remarquèrent, dans leur propre travail, un curieux phénomène qu’ils nommèrent l’effet de déclin. Ils observèrent en effet qu’au début de l’expérience les sujets obtiennent des résultats positifs élevés, mais à mesure que le test est répété, leur taux de réussite vient à décliner. Le premier article sur la PK, rédigé par les chercheurs de Duke, indiquait que les sujets avaient obtenu de meilleurs résultats au commencement de leurs sessions de test individuel que vers la fin. Une comparaison entre les résultats de la première série de chaque sujet et ceux de sa dernière série révéla une différence régulière et significative. Quand les chercheurs examinèrent l’ensemble des travaux sur la PK pour apprécier ce déclin, ils le trouvèrent hautement significatif – avec une probabilité associée de 1 pour un million.

Rhine lui-même a considéré cette découverte comme la preuve la plus satisfaisante de l’existence du psi. Effectivement, on ne s’attend pas à observer d’effet de déclin par suite d’erreurs d’enregistrement, de protocoles expérimentaux défectueux ou d’imperfections dans les dés. La présence de telles influences perturbatrices devrait rester constante: or, comme les résultats fluctuaient selon un effet de déclin, le psi se révélait être le seul facteur responsable des résultats expérimentaux.

En 1965, J.B. Rhine quitta l’Université Duke; le laboratoire de ParapsychologIe de Duke fut remplacé par la Fondation pour la Recherche sur la Nature de l’Homme,
organisme de recherche à fonds privés, que Rhine créa afin de poursuivre le travail commencé à Duke.

Louisa et J .B. Rhine menèrent ensuite une vie tranquille et sans prétention dans leur ferme située à proximité de Durham. A partir de 1948, Louisa Rhine s’est spécialisée dans la collecte et l’analyse des cas éventuels de manifestations psi spontanées, et a écrit plusieurs ouvrages. J .B. Rhine continue de rédiger des articles et d’accepter des entretiens au sujet de l’existence du psi. Quand on lui demandait ce qu’il pensait du refus persistant de la part de nombreux scientifiques d’admettre la démonstration de l’existence du psi, J .B. Rhine répondait :


«Je réalise mieux, maintenant, que l’investigation parapsychologique porte sur un domaine incomparablement difficile – la faculté psi extrasensorielle, extraphysique – ceci en une période où l’enseignement académique tend à ne concevoir de réel que le monde physique sensible (par nos cinq sens) et à répandre cette conception auprès du public. Cependant, la recherche sur le psi porte maintenant sur l’unité sous-jacente de ces ordres de réalité conflictuels, visant à découvrir comment interpréter au mieux leur relation.»

Le rôle directeur des Rhine – et même prédominant dans le domaine du psi – a été longtemps sans égal; l’empreinte de leurs personnalités est, aujourd’hui encore, clairement évidente. De nombreux chercheurs en parapsychologie furent formés par eux, ou ont effectué des travaux au sein de leur laboratoire.