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Les moulages ectoplasmiques de Kluski

Les moulages ectoplasmiques de Kluski

Du 8 novembre au 31 décembre 1920 Gustave Geley organise à Paris 14 séances expérimentales autour de l’écrivain et poète polonais Franek Kluski (1874 – 1944) qui est aussi un médium aux dons absolument exceptionnels. Il manifeste la capacité de produire des matérialisations de « matière ectoplasmique », lumineuses dans la pénombre, très nettes pour tous les spectateurs, des apparitions à forme humaine avec une physionomie, des mouvements et une sorte de densité qui leur donne épaisseur et relief.


On ne peut expliquer comment il peut susciter ces apparitions, mais l’idée que Franek Kluski triche est exclue : il est étroitement maintenu immobile sur sa chaise, et d’ailleurs l’état de transe qui le saisit au début de l’expérience en fait un être prostré, et comme inerte.

Le directeur de l’Institut Métapsychique International veut essayer de garder de ces apparitions une preuve objective et durable de leur réalité, au même titre que la photographie, et pour cela, il a l’idée de réaliser des « moulages de membres humains matérialisés » dans des « conditions de contrôle indiscutable ».
Pour y parvenir, on place près du médium un baquet contenant de « la paraffine fondue » . « ‘ L’entité’ qui se matérialise pendant cette séance conduite sous faible intensité lumineuse ( 0 à 50 bougies ) » …« est priée de plonger une partie de son corps dans la paraffine » avant de se dématérialiser. C’est le plus souvent une main, quelquefois iun pied ; une fois ce sera le bas d’un visage. L’opération produit de délicats gants de paraffine ( moins d’un millimètre d’épaisseur), dans lequel Geley et ses assistants coulent du plâtre.

Les participants obtinrent neufs moules dont sept de mains, un de pied et un moule du bas du visage qu’ils soumettront pour analyse à M. Bayle, directeur de l’Identité Judiciaire à Paris. Huit d’entre eux – bien qu’ils soient formés comme un membre d’adulte – ont la taille de membre d’un enfant de cinq à sept ans. La photographie de ces moulages, comme ceux qu’il obtiendra en septembre 1921 dans l’appartement de Kluski à Varsovie seront régulièrement reproduites .
Aujourd’hui, bien sûr, il est tentant de voir les moulages de l’IMI comme de simples produit d’un habile manipulateur, qui aurait mystifié les chercheurs. Et pourtant, ils constituent encore à présent une énigme non résolue. Etant données les conditions expérimentales de leur obtention, personne n’a pu fournir une explication satisfaisante de leur éventuelle falsification.

Fondamentalement, Kluski n’avait que deux moyens de frauder : soit préparer d’avance les fragiles gants de paraffine, et se débrouiller pour les introduire en cachette dans le laboratoire, soit les fabriquant pendant la séance.

On peut rejeter sans difficulté la première hypothèse. Avant l’arrivée de Kluski, les expérimentateurs ajoutaient des marqueurs chimiques secrets à la cire liquide. Ces marqueurs se sont retrouvés dans l’analyse ultérieure des gants, établissant de manière irréfutable qu’ils avaient été produits lors de la séance même, et non d’avance.
La deuxième hypothèse (la création des gants sur place) ne tient pas non plus, pour maintes raisons, dont la principale est la taille des membres. Parfaitement formés, ils ne correspondent ni à la taille du médium ni à celle d’aucun des participants à la séance, et ne peuvent être le produit d’aucun substitut non organique (comme une main de caoutchouc gonflable par exemple).
A moins de soupçonner en bloc le groupe entier d’expérimentateurs, la conclusion est inéluctable : les moulages de Kluski sont d’authentiques productions paranormales, et constituent une preuve d’un pouvoir puissant de l’esprit sur la matière.

Geley, G. (1927). Clairvoyance and Materialization: A Record of Experiments. T.Fisher Unwin Limited: London

Varvoglis, M. (2002). The Kluski Hand Moulds. Proceedings of the 45th Annual Convention of the Parapsychological Association (p.370-380). Paris, August 2002.